Riche en énergie et en protéines, la féverole (Vicia faba), appelée aussi « fève » pour les variétés à très grosses graines, est principalement consommée par les animaux d’élevage en Europe et en alimentation humaine dans les pays du pourtour méditerranéen et en Chine. Cultivée en France pour l’alimentation des bœufs et chevaux de trait jusqu’à leur remplacement par les tracteurs, la féverole connaît un nouvel essor sur le territoire français depuis les années 2000 pour l'export (alimentation humaine en Egypte notamment).
Comme le pois, la lentille ou le pois chiche, la féverole a été domestiquée par l’homme au Proche-Orient dès le Néolithique ; mais contrairement à toutes les autres légumineuses à graines, on ne connait pas ses parents sauvages. Elle s’est étendue au nord de l’Europe à l’âge de fer et a été importée en Chine vers 2800 avant J-C où elle a connu un grand succès. Curieusement, elle est très peu consommée en Inde, qui utilise pourtant une grande diversité de légumineuses à graines pour l'alimentation. Elle est également très peu connue en Amérique en général.
La féverole se distingue par la taille importante de ses graines. Les variétés à très grosses graines sont appelées « fèves » et sont consommées uniquement en alimentation humaine sous forme de graines fraiches immatures ou sous forme de graines sèches : avec un poids de 2 à 3 g, elles sont 40 à 60 fois plus grosses qu’un grain de blé. De ce fait, la fève peut difficilement être semée et récoltée avec les mêmes machines que les autres grandes cultures. Les graines de féveroles proprement dites ne pèsent que 0.5 à 0.7 g – encore 10 à 15 fois plus qu’un grain de blé.
La plupart des graines présentent une couleur allant du brun au rouge foncé, mais certaines peuvent tendre vers le gris clair, une couleur liée à l’absence de tanin dans le tégument.
Dressé, le port des féveroles dépasse généralement 1.5 m et comporte une dizaine d’étages de fleurs ou de gousses.
Les fleurs sont insérées par grappes de trois à six, très près de la tige. Leur couleur dépend là aussi de leur variété. La plupart sont blanches ornées de motifs noirs et pourpres, mais certaines variétés sans tanin, rarement cultivées, sont entièrement blanches. Dégageant une odeur agréable, perceptible parfois à distance, les fleurs de féverole contiennent du pollen et un nectar mellifères dont la présence attire les bourdons. Elles sont trop grosses pour pouvoir être visitées directement par les abeilles, mais celles-ci et les autres insectes pollinisateurs profitent des trous percés par les bourdons à la base des fleurs pour consommer les restes de nectar. La féverole n’est pas entièrement autogame, contrairement au pois ou au soja : les insectes jouent donc un rôle essentiel dans la pollinisation des fleurs.
La valeur en protéines de la féverole varie de 28% à 32% de la masse sèche selon la variété.
La culture de la féverole s’est développée en France depuis les années 2000 dans les régions à climat doux et pluvieux, c’est-à-dire principalement dans l’ouest et le nord du territoire pour la féverole de printemps.
La féverole possède un avantage par rapport au pois ou à la lentille : elle résiste à l’Aphanomyces, une maladie grave des racines dans les sols infestés. La féverole est aussi une bonne tête d’assolement et sa culture s’insère avantageusement dans les rotations, notamment devant le blé dont elle améliore les performances.
En revanche, elle est particulièrement sensible à un insecte, la bruche, qui dégrade la qualité visuelle des graines destinées à l’alimentation humaine : sa larve se développe à l’intérieur de la graine et crée un trou pour sortir.
Pour en savoir plus, consulter le guide de culture féverole 2018 publié par Terres Inovia.
Le rendement moyen de la féverole en France varie entre 4 et 5 tonnes de graines par hectare et peut même atteindre jusqu’à 7 tonnes dans les meilleurs secteurs certaines années.
Comme toutes les légumineuses, la féverole a la capacité de fixer l’azote de l’air grâce aux bactéries que contiennent les nodosités de ses racines. Par conséquent, la plante n’a pas besoin d’engrais azoté et permet donc de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre et de gaz acidifiants...
Capable d’étouffer les mauvaises herbes, la féverole d’hiver se prête bien à la culture biologique. La féverole représente ainsi 70% des protéagineux cultivés en culture pure en agriculture biologique en France – soit 10.900 hectares en 2010. Cependant, la majeure partie des protéagineux cultivés en agriculture biologique sont semés et récoltés en mélange avec des céréales : on parle d’associations (ou de « méteils »), dont les associations féverole-blé.
La féverole est cultivée sur tous les continents, à l’exception notable du continent américain. La Chine assure à elle seule près de 40% de la production mondiale. Elle est par ailleurs l’une des principales cultures d’hiver de la vallée du Nil depuis des millénaires.
La graine de féverole connait une utilisation très différente en Europe par rapport au reste du monde.
Au Moyen-Orient (notamment en Egypte) et au Maghreb, la graine est avant tout destinée à l’alimentation humaine. Elle est particulièrement appréciée fraîche ou en légume sec. La graine sèche est consommée soit en grains entiers (le « foul » des pays arabes), soit en purée de graines décortiquées (vendues sous le terme de « févettes »), soit réduite en semoule ou farine pour fabriquer les falafels, célèbres en Egypte et dans tous les pays du Proche-Orient (l’ingrédient principal de ces boulettes est soit de la farine de pois chiche soit de féverole, soit un mélange des deux).
Pour couvrir leurs grands besoins en la matière, les pays du Moyen-Orient et l’Egypte importent des graines d’Australie, de Royaume-Uni et de France.
En Europe, en revanche, le principal débouché de la féverole est l’alimentation des animaux d’élevage. Les ruminants (bovins, moutons, caprins), les porcs ou encore les volailles en sont friands. L’Italie et l’Espagne sont les plus grands consommateurs du continent, notamment pour leurs ovins et bovins.
Il existe également un débouché traditionnel mais limité en meunerie depuis la fin du XIXème siècle : la farine de féverole est ajoutée à raison de 1 à 2 % dans la farine de blé pour blanchir et renforcer la tenue de la mie de pain.
On valorise également en France les protéines issues des féveroles sous forme de farines ou concentrés protéiques (MPV) destinés traditionnellement au secteur de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie et de la panification.
La plupart des variétés cultivées à travers le monde contiennent de la vicine et de la convicine qui peuvent provoquer des crises de « favisme », une anémie grave, chez les hommes génétiquement sensibles (5 à 10 % de la population masculine méditerranéenne) et une baisse des performances pour les volailles et pondeuses. Mais de nouvelles variétés ont été développées en France qui permettent d’éliminer ces facteurs anti-nutritionnels.