23 novembre 2022
L’Interprofession a élu, le 6 octobre dernier, son nouveau président. Ce producteur alsacien, ingénieur agronome de formation, est bien connu et investi depuis de nombreuses années au sein de la filière, notamment en tant que vice-président de la FOP et président du groupe de travail sur la durabilité devenu comité RSO (responsabilité sociétale des organisations) de Terres Univia. Quelles orientations souhaite-il donner à son mandat et quels sont les axes de travail qu’il souhaite enclencher ? Interview.
Le travail mené sur le Plan Protéines actuel doit être poursuivi et approfondi au sein des différentes cultures. Chacune d’entre elles a sa spécificité et ses problématiques. Ainsi, les cultures de colza et de tournesol, déjà bien installées, doivent notamment faire face aux bouleversements climatiques et aux changements réglementaires sur les intrants et les débouchés. D’autres, plus en difficulté, comme le pois et la féverole, nécessitent une mobilisation et des investissements sur la recherche variétale, mais pour les autres maillons de la chaîne, tels que la production et la collecte. Du côté des légumineuses comme le pois chiche et la lentille, il y a un important travail à faire pour valoriser la qualité de nos productions par des démarches territorialisées à l’échelle régionale.
L’une des prochaines étapes est de déployer dès à présent ce Plan Protéines dans les régions. L’Interprofession joue un rôle important d’animateur et de facilitateur, notamment dans la coordination des démarches territoriales de structuration de filière. Antoine Henrion, l’ancien président de Terres Univia, a justement été nommé ambassadeur du Plan Protéines dans les régions. Ce statut est nouveau, cela permet de créer un lien fort entre la stratégie nationale et les stratégies régionales.
Oui, il est nécessaire d’accompagner ces changements par des financements dédiés. C’est encore en discussion avec les pouvoirs publics et pour l’instant rien n’est pérennisé. Ce qui est certain, c’est que la mobilisation importante des fonds interprofessionnels en faveur des protéines végétales doit être soutenue durablement par les politiques publiques afin de conforter sur le long terme la souveraineté alimentaire française.
Non, Terres Univia fonctionne très bien, avec ses commissions et ses groupes de travail. Il faut maintenir cette atmosphère d’harmonie et de communication entre les familles professionnelles. C’est une base solide pour aller plus loin, casser ensemble les codes et briser les tabous pour apporter des réponses aux enjeux actuels des producteurs, collecteurs et transformateurs d’oléoprotéagineux, favoriser la création et le partage de la valeur et relever collectivement les défis liés au changement climatique.
C’est une préoccupation centrale qui bouscule la chaîne de valeur car les résultats de nos productions sont directement corrélés au climat, et on constate qu’il a un impact de plus en plus fort. Cela nous pousse à réinventer nos modèles pour gagner en stabilité, comme à mettre en place des changements de stratégie et de pratiques culturales, développer la recherche semencière pour trouver des variétés plus résistantes aux changements climatiques… D’autres problématiques sont à discuter au sein de la filière, comme la gestion de l’eau et la question des assurances sur les productions.
Oui, notre filière joue un rôle important dans les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) et l’atténuation du changement climatique, avec le rôle des légumineuses et leur capacité à fixer l’azote de l’air, avec le colza qui stocke énormément de carbone dans le sol, ou encore le tournesol qui permet de réduire les gaz à effet de serre en diminuant l’utilisation d’engrais. Face aux questions environnementales, notre filière propose des cultures de solutions, dont il est, plus que jamais, d’actualité de parler.
La Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) constitue un chantier prioritaire, sur lequel je m’implique personnellement depuis longtemps. Il faut continuer à identifier les leviers de durabilité qui pourront amplifier l’impact réel de nos actions et de celles des entreprises de la filière sur la société.
Je me suis installé en 2009 et, très vite, j’ai compris que c’est le travail collectif de tous les acteurs de la chaîne qui pouvait permettre d’avancer et de trouver les solutions de demain. De l’amont à l’aval, tout est lié. Mon parcours de producteur a toujours été motivé par la valorisation du métier d’agriculteur et la capacité à créer des produits de qualité pour les consommateurs. Car c’est à nous, ensemble, de trouver le chemin.
C’est une problématique qui sera centrale dans les prochaines années. Cela peut se traduire en développant encore davantage les biocarburants associés à une juste rémunération de la réduction des gaz à effet de serre, le travail sur de nouveaux débouchés en alimentation humaine ou sur l’origine des tourteaux pour les animaux, le rôle des légumineuses, la défense de nos cultures oléo-protéagineuses… des opportunités sont à saisir.
Outre les biocarburants, il y a un travail à faire sur les cultures intermédiaires ou encore les biomatériaux et la chimie du végétal. Il y a des actions interprofessionnelles à structurer autour de ces nouveaux débouchés.