L’institut technique Terres Inovia s’est mobilisé, aux côtés des acteurs de la filière, pour les projets IN PETTO, dont le deuxième volet s'est récemment achevé. Ces projets ont étudié, entre 2019 et 2023, l’influence des pratiques culturales, comme le choix variétal ou la fertilisation azotée et soufrée, sur la teneur et la qualité des protéines, ainsi que la teneur en huile.
Jusqu'à présent, l'obtention d'une bonne teneur en huile était l'objectif principal pour valoriser le colza. Cependant, ces dernières années, la valorisation des protéines issues du colza suscite un intérêt croissant. En effet, la fraction protéique représente un levier tout aussi crucial pour la filière, permettant d'augmenter les débouchés en alimentation humaine et animale. Mais les données recueillies depuis plusieurs années indiquent qu’une augmentation de la teneur en protéines entraîne généralement une diminution de la teneur en huile.
Comment alors obtenir un meilleur taux de protéines tout en limitant la dégradation de la teneur en huile et en maintenant les performances agronomiques ? Par ailleurs, il ne s'agit pas seulement d'augmenter la teneur en protéines, mais aussi de répondre à un besoin croissant de qualité protéique. L’ambition est donc d’augmenter à la fois la quantité totale de protéines et la proportion d’acides aminés essentiels pour offrir des protéines de haute qualité. C’est tout l’enjeu des projets IN PETTO, soutenu par le Fonds d’Actions Stratégiques pour les Oléagineux et protéagineux (FASO), géré par Sofiprotéol. Pour son second volet (IN PETTO 2), ce projet a mobilisé Terres Inovia, Euralis, Noriap et Staphyt.
L’objectif de ce deuxième volet était d’affiner les résultats obtenus dans IN PETTO, qui avaient permis de redémontrer l’intérêt d’un apport d’azote tardif sur la teneur en protéines en testant différents positionnements d’apport d’azote (à dose totale apportée équivalente, calculée selon la réglette azote colza), couplé ou non à un fractionnement de l’apport de soufre. Des essais ont été menés sur deux campagnes (2020-2021 et 2021-2022) pour mesurer l'impact des pratiques de fertilisation sur la teneur en protéines et en huile, avec trois objectifs principaux :
Les essais ont confirmé que plus les apports d’azote étaient retardés (jusqu’à G1), plus la teneur en protéines était maximisée, d’autant plus si on reportait une partie de la dose d’azote des premiers vers le dernier apport, mais toujours au détriment de la teneur en huile (voir résultats détaillés dans le graphe ci-dessous).
La fragmentation de l'apport de soufre n'a montré aucun effet sur la quantité de protéines ou d'huile. Enfin, aucune des stratégies d’apport testées n'a altéré le rendement en graines, ce qui est encourageant.
En plus de son incidence sur la teneur en protéines, le projet IN PETTO 2 a également examiné comment les différentes approches de fertilisation azotée et soufrée affectent la qualité protéique des graines. Les résultats sont mitigés, car l'augmentation de la teneur en protéines ne correspond pas toujours à une augmentation du ratio napine/cruciférine. En particulier, le fractionnement de l'apport de soufre n'a pas eu l'effet escompté.
Il est maintenant impératif de passer à des essais à grande échelle de ces pratiques car la réalisation des apports tardifs (stades F1 voire G1 dans les essais) est difficile à mettre en œuvre avec le matériel dont dispose les agriculteurs aujourd’hui. Il est donc nécessaire d’évaluer les différentes options techniques disponibles, en utilisant éventuellement des innovations. Il s’agira aussi de confirmer que les tendances observées en micro-parcelles se reflètent également dans les parcelles des agriculteurs, qui présentent une plus grande variabilité de pratiques et de conditions pédoclimatiques.
Pour en savoir plus sur IN PETTOLes travaux des projets IN PETTO ont été partagés dans la Revue Perspectives agricoles. Ils ont également fait l’objet d’un webinaire « Jeudi de TI », organisé par Terres Inovia.
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