Terres Univia, pour la filière oléoprotéagineuse, et Intercéréales, pour la filière céréalière, ont présenté la première feuille de route de la stratégie bas carbone des filières grandes cultures lors d’une conférence de presse, le 26 novembre dernier. Afin de mener à bien cette trajectoire de décarbonation, elles visent, d’ici 2030, une réduction de 20 % des émissions de l’amont agricole (par rapport à 2015) et de 24 % pour les industries de première et deuxième transformation (par rapport à 2021).
Terres Univia, l’Interprofession des huiles et des protéines végétales, et Intercéréales l’Interprofession des céréales, ont construit à deux mains une feuille de route de décarbonation, en fédérant une quarantaine d’acteurs, de l’amont à l’aval, autour de trois enjeux clés :
- Décarboner les étapes de production et de transformation
- Contribuer activement à la captation du carbone et à son stockage dans les sols
- Produire de la biomasse pour permettre aux autres secteurs économiques d’accélérer leur propre décarbonation.
« La filière oléoprotéagineuse constitue un levier majeur pour réduire les émissions de gaz à effet de serre car elle regroupe des cultures qui sont un véritable puit de carbone à fort potentiel », indique Benjamin Lammert, le président de Terres Univia, arguant néanmoins que « la stratégie de décarbonation devra passer par une mobilisation de l’ensemble des acteurs de la filière et des pouvoirs publics ».
Un état des lieux du bilan carbone des grandes cultures
Pour définir la stratégie bas carbone des grandes cultures, Terres Univia et Intercéréales ont d’abord procédé à un état des lieux en s’appuyant sur une méthodologie qui mobilise les données officielles et l’expertise des instituts techniques Terres Inovia et Arvalis.
La répartition des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour les oléoprotéagineux
- 7,3 Mt de CO2 pour l’amont et l’aval de la filière, dont 70 % pour la production agricole et 30 % pour l’industrie de transformation
- Pour l’amont agricole : 63 % des GES sont directement liés à la production sur l’exploitation agricole et 37 % à la fabrication d’intrants (engrais et énergie)
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« Il faut trouver une ligne de crête qui permet un équilibre entre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation du stockage de carbone dans les sols et la production de biomasse, tout en conservant les mêmes surfaces qu’aujourd’hui », appelle de ses vœux Benjamin Lammert.
Deux objectifs prioritaires de cette trajectoire de décarbonation des grandes cultures
- Réduire les émissions d’azote tout au long du cycle de culture, en introduisant notamment davantage de légumineuses, qui ne nécessitent pas d’engrais azotés.
- Diminuer les émissions de CO2 en réduisant le recours aux énergies fossiles pour les matériels agricoles et les transports.
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Les leviers de décarbonation pour l’amont des filières grandes cultures
Tous les leviers, combinés à l’échelle de l’exploitation, permettraient de réduire de 20 % les émissions de GES en 2030, rapport à 2015.
Quelques exemples
- La mise en œuvre de nouvelles pratiques à l’échelle des exploitations, telles que des rotations des cultures par l’insertion de légumineuses -qui sont à faible niveau d’intrants-, le développement des couverts végétaux et des plantes compagnes pour produire de la biomasse ou encore l’installation des haies dans les parcelles, pour agir sur le stockage de carbone.
- L’amélioration de la gestion de la fertilisation organique et la réalisation d’un pilotage plus fin de la fertilisation minérale, en modulant par exemple les doses à l’échelle infra-parcellaire, mais aussi l’inhibition et la substitution des formes d’azote qui émettent moins de GES.
- L’utilisation d’engins ENR, plus d’éco conduite ou encore le renouvellement du parc.
- Le développement de génétiques plus efficientes en azote.
Les leviers de décarbonation pour l’aval des filières
Cet ensemble de leviers permettent d’envisager une réduction de 24 % des émissions de GES en 2030, par rapport à 2021.
Quelques exemples de leviers
- Une énergie plus sobre par une optimisation des process et l’utilisation de sources d’énergies décarbonées.
- Des modes de transport à adapter, par exemple en développant le fret ferroviaire et fluvial, ou en optimisant les tournées.
- Une écoconception des emballages à favoriser en changeant les types de matériaux d’emballage.
Les clés de la réussite
Les acteurs des filières ont déjà implémenté de nombreuses initiatives pour mener à bien cette trajectoire de décarbonation. Néanmoins, la réussite de son déploiement à grande échelle nécessite :
- Une prise de risques et de responsabilités partagée par les filières, les pouvoirs publics et les acteurs de la société civile.
- Des investissements pour mener à bien cette transition et atteindre les objectifs de souveraineté (alimentaire, protéique, énergétique) portés par le gouvernement.
- Un accompagnement des acteurs sur les territoires (R&D, transfert, compétitivité, etc.).
Plus d'informations dans le dossier de presse