Fourrages déshydratés

Source naturelle de protéines et de fibres, la luzerne est utilisée comme fourrage pour les animaux depuis très longtemps et possède des intérêts nutritionnels multiples, stabilisés et préservés par le procédé de déshydratation.

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Cultivée en France sur environ 300 000 ha, dont 64 000 ha destinés à la déshydratation, cette culture participe à la fourniture des élevages français et européens en protéines végétales. Avec une production annuelle de l’ordre de 800 000 tonnes de tonnes de luzerne déshydratée par an, la France occupe la seconde position européenne derrière l’Espagne et devant l’Italie et l’Allemagne. L’élevage européen est le principal débouché de ces productions. Tout en fournissant ses marchés traditionnels en nutrition animale, la filière luzerne propose également une offre de produits techniques de plus en plus ciblés en fonction des marchés et des espèces animales.

Des matières premières en majorité utilisées pour les herbivores

La luzerne déshydratée fait partie des matières premières qui permettent de couvrir les besoins des animaux. La quantité de luzerne à intégrer dans les rations dépend des besoins nutritionnels de chaque espèce. 

Plante fourragère, donc riche en fibres, la luzerne trouve naturellement sa place dans l’alimentation des herbivores, qu’ils soient ruminants (bovins, caprins, ovins) ou non (lapins et chevaux). Elle peut représenter jusqu’à un tiers de leurs rations. Les vaches laitières sont ainsi les premières consommatrices de luzerne déshydratée (un quart de la production), suivies par les chèvres (près d’un cinquième des volumes). Les ruminants représentent au total les trois quarts des débouchés de la luzerne. Les lapins et les chevaux en utilisent un autre quart et sont particulièrement consommateurs de luzerne sous forme de granulés. 

Même si les autres marchés sont moins importants en volume, ils valorisent bien certaines fractions, comme les pigments qui ont leur importance en aviculture pour obtenir une coloration naturelle des jaunes d’œufs et de la chair des poulets ou des pintades. Dans ce dernier cas la richesse en fibres limite l’intérêt des luzernes, on leur préfèrera les concentrés protéiques beaucoup mieux adaptés à la consommation par les monogastriques. L’apport protéique de ces concentrés en fait également une source de matière première de premier choix pour l’aquaculture.

À côté des utilisations pour l’alimentation des animaux de rente, on retrouve de façon plus ponctuelle des utilisations en pet Food, voir même en alimentation humaine…

L’organisation des marchés

Le marché se répartit en trois types de produits : 

  • Luzerne en granulés à différents taux de protéines : en sortie de déshydratation, la farine obtenue passe dans des presses à granuler pour être agglomérée en pellets ou en bouchons. Le niveau de protéines se situe entre 16 et 23 % (sur MS). Ce débouché représente 66 % du marché en volume et concerne les bovins lait et viande, les ovins, les caprins, les chevaux et les lapins. 
  • Luzerne en brins longs : à la sortie du tambour sécheur, les luzernes séchées non broyées sont orientées vers des presses à coffre pour être compactées sous forme de balles. Ces luzernes captent 33 % du marché. En fort développement, elles concernent les ruminants, les équins et les animaux de compagnie. 
  • Les concentrés protéiques de luzerne représentent 1 % du marché. La production d’extraits concentrées de luzerne fait appel à un procédé spécifique d’extraction des protéines par pressage de luzerne fraîche et de centrifugation. L’extrait obtenu est particulièrement riche en protéines (plus de 50 % sur MS), en pigments naturels recherchés pour la coloration des jaunes d’œufs, de la chair des poulets jaunes et comme source d’omega 3.

Les différents canaux de distribution

  • Les revendeurs qui livrent directement chez l’éleveur la luzerne déshydratée « en l’état » en balles, en sac ou en vrac par camions bennes ou compartimentés permettant des livraisons à partir de quelques tonnes. Les taux d’incorporation dans les rations réalisées à la ferme varient selon l’espèce de 5 % à 30 %.
  • Les fabricants d’aliments qui broient la luzerne déshydratée, l’incorporent à un aliment de leur fabrication (auquel est ajouté un « prémix ») et reconstituent des granulés (6 mm étant le diamètre le plus fréquemment rencontré). Ce circuit est très majoritaire en aviculture et cuniculture. Les taux d’incorporation vont de 1 à 2 % pour les volailles et jusqu’à 15 % pour les lapins. Les ruminants sont aussi concernés à hauteur de 5 à 20 % dans leurs aliments et les chevaux entre 10 à 20 %.
  • Les fabricants de mash représentent une catégorie particulière : leurs aliments sont des mélanges de matières premières.
Sources : site de Luzerne de France ; « Les légumineuses pour des systèmes agricoles et alimentaires durables », A. Schneider, C. Huyghe, éditions Quae.